Colloque de Dijon 2014

 

NATURE ET CULTURE:

Le caractère fortement transversal du dualisme Nature-Culture  invite sans restriction au débat tous les champs disciplinaires représentés par les membres de l’Institut universitaire de France.

 

 

 

Alban Lemasson, Université de Rennes 1

La transmission culturelle est-elle le propre de l'Homme ? Exemple de la communication vocale

Ethologie Animale et Humaine

Email : Alban.Lemasson@univ‐rennes1.fr
Promotion IUF 2010, Membre junior


Résumé :
Quelle place occupe la transmission culturelle dans l’évolution biologique? Vaste débat qu’illustre parfaitement la rhétorique autour du langage humain, que l’on voit, selon les écoles de pensée, naître de l’évolution de la communication vocale animale ou[ avoir émergé des compétences « supérieures » humaines. Humains et espèces animales sociales utilisent des signaux vocaux, langage pour les uns,chant ou cri pour les autres, qui permettent d'échanger des informations, notamment sur l'émetteur et la situation. Le langage, élément de la « culture humaine » a longtemps été (et l'est encore pour certains) considéré comme le propre de l'homme. Ceci semblait d'autant plus le cas que les études pionnières réalisées sur les grands singes tendaient à révéler une incapacité de nos proches « cousins » à varier leurs signaux vocaux, apparemment fixés. Alors qu'un débat pouvait s'instaurer sur des aspects comme la sémantique voire la syntaxe, ces animaux étant capables d’en maîtriser des éléments, la flexibilité vocale (source de transmission culturelle) apparaissait comme un élément crucial et caractéristique du langage. Face au développement langagier humain, basé sur un apprentissage à partir de modèles sociaux, la fixité des signaux vocaux des grands singes marquait une divergence évolutive. L'évolution n'est pourtant pas explicable que par l'homologie. En s'appuyant sur une approche basée sur l'homoplasie (convergence fonctionnelle), force est alors de s'interroger sur les signaux flexibles et transmis socialement des oiseaux, mammifères marins, voire d'autres espèces de primates. On parle alors de « dialectes », de « mots de passe » ou « marqueurs vocaux » sociaux qui caractérisent des populations, familles ou communautés sociales. Y sont associées des « règles de communication » et des représentations communes. La transmission de ces signaux et règles se fait de façon verticale (parents -jeunes), horizontale (jeunes – jeunes ...) ou oblique (autres adultes - jeunes) : ceci fait-il de la communication vocale animale une transmission culturelle ? Pourquoi pas


Notice biographique :
2003 : Doctorat de Biologie (Université de Rennes 1)
2003 ‐ 2004 : Chercheur associé (Université de Rutgers,USA)
2004 ‐ 2005 : Post-­‐doctorat (Université de Kyoto,Japon)
2005 ‐ 2012 : Maître de conférences (Université de Rennes 1)
2012 : Professeur (Université de Rennes 1)
2012 ‐ 2014 : Directeur adjoint du laboratoire d’éthologie animale et humaine (EthoS–UMR 6552, Rennes)
2014 :  Directeur du laboratoire d’éthologie animale et humaine
2010 - 2015 : Membre Junior de l’Institut Universitaire de France
2013 : Médaille de bronze du C.N.R.S

David KANIEWSKI, Université Paul Sabatier - Toulouse 3

Déséquilibres naturels et mythes : quand la culture s’approprie la nature

(Biologie, Médecine, Santé)

Email : david.kaniewski@univ-tlse3.fr

Promotion 2013, membre Junior

 

Résumé :

Les mythes font partie de notre culture, de notre imaginaire collectif et s’inscrivent dans la longue genèse du monde moderne. Le sujet proposé est un voyage aux portes de l’Orient et de ses aléas environnementaux à travers le prisme de ses mythes fondateurs. Il se concentre sur l’origine scientifique de certains d’entre eux tels que la Guerre de Troie narrée dans l’Iliade et l’Odyssée d’Homère, la Genèse, les 10 Plaies d’Egypte ainsi que le combat de David contre Goliath relatés dans l’Ancien Testament, ou encore l’Atlantide parcourant le Timée et le Critias de Platon. Tous ces mythes, patrimoine culturel de l’humanité, ont vraisemblablement une origine commune, une série de crises environnementales durant l’Age du Bronze, générant un chaos social et culturel, et un facteur commun, l’émergence ou la chute de peuples symboliques, tels que les Peuples de la Mer et les Minoens. Portée par la tradition orale, les effets de processus naturels (éclipse solaire, éruption volcanique, sécheresse) sont devenus progressivement des mythes cristallisant les questions et les peurs des sociétés qui les ont véhiculés. Ces mythes ont en général un lien direct avec l’effondrement ou la genèse d’une structure religieuse et/ou sociale. Le destin de tous ces peuples face aux inconstances de la nature n’est pas une simple péripétie de l’Age du Bronze ; il témoigne d’une époque où les bouleversements climatiques et géologiques ont ébranlé les fondations de l’ancien monde et où leur mémoire a été un catalyseur culturel. L’usage de la science, depuis le décryptage des tablettes cunéiformes et des hiéroglyphes jusqu’aux outils statistiques les plus récents, permet d’apporter un éclairage sur ces mythes, sur l’origine naturelle des processus qui les ont générés et sur l’appropriation culturelle du chaos.

 

Notice biographique :

David Kaniewski, membre junior de l’IUF depuis 2013, est maître de conférences (HDR) à l’Université Paul Sabatier - Toulouse 3, dans le Département Biologie et Géosciences. Au sein du laboratoire EcoLab (UMR5245 CNRS-UPS-INPT), il développe des recherches axées sur le rôle de l’instabilité climatique dans l’évolution des civilisations anciennes au Proche- Moyen Orient. Ses travaux visent principalement à établir des ponts reliant variations climatiques et sources écrites afin d’ajuster/de corréler les signaux entre sciences biologiques/physiques et sciences humaines/sociales

Marie-Caroline SAGLIO-YATZIMIRSKY, INALCO

Le trauma: du retournement de la culture à la nature humaine

(Anthropologie)

Email : marieyat@hotmail.com

Promotion 2009, membre Junior

 

Résumé :

A l’articulation de l’anthropologie et de la psychologie, la question du traumatisme psychologique interroge les frontières entre nature et culture chez le sujet de la clinique qui est aussi individu dans un collectif historique. Notre questionnement anthropologique s’élabore a postériori à partir de notre pratique clinique de psychologue avec des demandeurs d’asile venus d’Asie (Pakistan, Bangladesh, Sri Lanka) ou d’Afrique noire, qui dans des situations de guerres ethniques, sectaires ou religieuses, ont vécu des situations de violence extrême. On s’intéresse au trauma, autrement dit à l’impact psychique de l’événement traumatique. Dans le cas de trauma intentionnel ou politique, « fait d’autres hommes » et non pas « fait de la nature » (typhon, tremblement de terre, etc.) , le trauma y est caractérisé par la rupture des règles générationnelles et sexuelles de la société d’appartenance (incestes et viols intra familiaux, massacre des parents, fuite du foyer, protection des aînés par les cadets, etc.) autrement dit par l’inversion ou la destruction d’ invariants anthropologiques. Ce premier postulat d’une spécificité du trauma intentionnel est lié à un second : derrière l’expérience de la mort, se pose la question de l’expérience du mal dans l’inversion ou la destruction d’une culture par l’homme. Notre postulat est que ce qu’expérimentent le sujet à un moment clé de sa maturation identitaire et sociale est le mal en autrui, et par conséquent le mal en lui-même: à la fois extérieur comme expérience du bourreau, mais aussi de nature intra-psychique. Ainsi l’expérience du mal, à travers l’inversion des référents culturels et l’expérience spécifique de l’autre et de soi, nous semble devoir être questionnée dans ce retournement de la culture en son contraire, qui serait propre à la nature humaine.

 

Notice biographique :

Marie Caroline Saglio-Yatzimirsky, née en 1969, est Professeur des Universités en anthropologie sociale à L'INALCO, Département Asie du Sud, et chercheur statutaire au Centre d'études de l'Inde et de l'Asie du Sud (CEIAS, EHESS--‐ CNRS). Elle travaille depuis 1993 sur les populations exclues dans les grandes villes indiennes. Chercheur invité à l'Institut des Études Avancées de l'Université de Sao Paulo (2004--‐2007), elle a ouvert la comparaison Inde--‐Brésil sur la problématique de l'exclusion urbaine et porté le projet ANR SETUP (Social exclusion, territories and Public Policies in Mumbai, Delhi, Rio de Janeiro, São Paulo) 2007--‐2010. Parallèlement elle a poursuivi au Brésil sa formation professionnelle en psychologie clinique et psychopathologie (Institut Sedes Sapientae) entamée en 2002 en France (Université Paris V Descartes). Sa délégation à l'Institut Universitaire de France (Membre junior 2009--‐2014) lui a permis d'entreprendre une recherche à la croisée de l'anthropologie et de la psychologie sur la qualification du lien social et psychique dans les bidonvilles d'Inde et du Brésil. Elle est aujourd'hui psychologue clinicienne dans une consultation de psycho traumatologie et poursuit ses enseignements et ses recherches sur l’exclusion en Inde et au Brésil et sur le lien entre anthropologie, psychologie et psychanalyse (http://anthropsylogies.hypotheses.org) avec des partenaires européens, brésiliens (Université de Sao Paulo, Institut Sedes Sapientae) et indiens. Elle a récemment publié, outre deux ouvrages sur l’exclusion urbaine en Inde (Dharavi, Routledge, 2013 et Megacity Slums, Imperial College Press, 2013), plusieurs articles sur le lien entre trauma et culture.

Jean-Louis HALPERIN, Ecole normale supérieure, (Paris)

Culture juridique, nature des choses et droits de l'homme

(droit)

Email : jean-louis.halperin@wanadoo.fr

Promotion 2013, membre Senior

Résumé :

Dans la perspective positiviste, le droit est défini comme un ensemble de conventions humaines (appelées normes), il regarde vers la culture et non vers la nature. Le positivisme juridique a pour postulat de rejeter la notion de droit naturel ou le caractère juridique des prétendues « lois naturelles ». Alors que la doctrine affirme majoritairement son attachement à ces conceptions positivistes, l’on assiste aujourd’hui à un retour ambigu de la « nature » dans la théorie juridique. Ce phénomène complexe associe des références à la nature des choses (à propos du « libre marché », du droit de l’environnement ou des cadres de pensée a priori du droit) et le rattachement des droits de l’homme à la dignité humaine (qui serait donc une caractéristique de nature). La question est désormais posée de l’existence ou non d’un homo juridicus. En même temps s’affirme le souci de mieux définir et de mieux appréhender dans leur diversité les cultures juridiques propres à chaque espace, à chaque époque, voire à chaque milieu professionnel. Pour résoudre cette tension entre culture et nature, il paraît important de revenir aux postulats théoriques du positivisme comme aux enseignements de l’histoire comparée des droits. Les droits de l’homme, en tant que métamorphose de la matrice des droits subjectifs (eux-mêmes construits sur le modèle de la propriété), sont des créations des cultures juridiques occidentales qui se sont développées depuis le Moyen Âge jusqu’à nos jours. Il en est de même pour la construction abstraite du « marché » ou pour l’élaboration de topiques de la «méthode juridique », qui ne sont nullement des « a priori » de l’esprit. Penser tous ces phénomènes comme culturels, et non comme naturels, ne nuit en rien aux jugements de valeur ou aux combats politiques en faveur de leur universalité, de même que la reconnaissance de l’imposition des cultures juridiques occidentales (à travers la colonisation, puis la mondialisation) n’est pas synonyme d’ethnocentrisme et de mépris pour les cultures non occidentales.

 

Notice biographique :

Né en 1960, docteur d’Etat en droit (1985), agrégé d’histoire du droit (1988), professeur à l’Université Lyon III (1988-1998), à l’Université de Bourgogne (1998-2003), à l’Ecole normale supérieure (depuis 2003).

Jean BRAUN , Université Joseph Fourier

Géomorphologie : théories et environnements

(Sciences de la Terre et de l'Univers)

Email : jean.braun@ujf-grenoble.fr

Promotion 2010 membre Senior

Résumé :

Le relief de la Terre forme, depuis toujours, un objet d’études scientifiques visant à comprendre les mécanismes de sa formation et de son évolution temporelle. Cette démarche a souvent été motivée par notre besoin de comprendre la forme des paysages dans lesquels nous vivons, qu’ils soient dramatiques comme les reliefs accidentés des Alpes ou plus monotones et reposants comme les plaines du centre de l’Australie. Au 19ème et 20ème siècle, de nombreuses théories ont été développées sur l’évolution des reliefs, basées en grande partie sur des concepts de cycle, de perturbation instantanée ou d’état d’équilibre. A l’aide de nouvelles observations permettant de dater la forme des paysages et d’outils de simulation par ordinateur, nous pouvons maintenant mieux faire la part entre ces différentes théories et préciser les conditions tectoniques et climatiques dans lesquelles elles s’appliquent. Il est cependant intéressant de noter que l’apparition de différentes écoles de pensée sur l’évolution du relief est étroitement liée à l’environnement et surtout aux caractéristiques des paysages où vivaient et travaillaient les chercheurs impliqués. Je propose de présenter quelques unes de ces grandes théories, de les illustrer à l’aide d’exemples naturels et de simulations numériques, tout en mettant en perspective les observations clés sur lesquels elles se sont basées et les concepts auxquels elles ont menés et en démontrant l’influence de l’environnement naturel dans lequel elles se sont développées. Ainsi, j’espère convaincre l’audience que la géomorphologie moderne est le produit de longues et fructueuses interactions entre nature et culture.

 

Notice biographique :

C’est en 1982, en dernière année de ma Licence de Physique à l’Observatoire d’Astrophysique de l’Université de Liège que j’ai débuté ma carrière de chercheur en Sciences de la Terre par un travail de fin d’étude sur les marées terrestres. J’ai ensuite obtenu en 1988 un doctorat (PhD) du Département d’Océanographie de l’Université Dalhousie au Canada pour des travaux portant sur la formation des épaulements de rift. Suivirent quinze années de recherche à l’Australian National University (Research School of Earth Sciences) pendant lesquelles j’ai mis en pratique ma formation de physiciens/mathématiciens pour mieux comprendre les processus géologiques. En 2004, j’ai accepté une Chaire d’Excellence de l’ANR à l’Université de Rennes 1 et depuis 2010, je suis professeur à l’Institut des Sciences de la Terre (ISTerre) de l’Université Joseph Fourier de Grenoble. Mes travaux actuels portent sur le développement et l’utilisation de modèles numériques de la formation des paysages dans des environnements variées (érosion fluviatile ou glaciaire dans les chaines de montagnes, développement de reliefs par altération et transport de surface, érosion de la topographie dynamique causée par des mouvements de convectiondans le manteau terrestre, etc.)

Jean-Michel BESNIER , Université Paris Sorbonne

Le transhumanisme, entre dénaturation et virtualisation

UFR Philosophie et Psychologie, 1 rue Victor Cousin,

75005 PARIS

 

Jean Léonard LEONARD , Paris 3

Emergence forte versus émergence faible en écologie linguistique : le cas du mazatec

(Langues, textes, art et culture)

Email : jeanleoleonard@yahoo.fr

Promotion 2009 membre Senior

Résumé :

Le mazatec est une langue otomangue du sud-est du Mexique, parlée par plus de 220 000 locuteurs, dans un biotope tropical fortement diversifié, sur trois paliers géographiques auxquels correspondent trois systèmes de cultures postcoloniales. Ces trois systèmes – basses terres (système canne à sucre), terres moyennes (élevage), et hautes terres (système café, en crise depuis plus de 30 ans) – ont partiellement ou totalement supplanté la polyculture d’échanges intercommunautaires et de subsistance (la milpa mésoaméricaine : système associant maïs, courge, haricot et piment). A l’aide de bases de données dialectologiques d’une part, environnementales et socioéconomiques d’autre part, nous ferons apparaître dans un premier temps les dynamiques d’émergence de la variation dialectale du mazatec au cours de l’histoire, en tant que miroir de l’interaction entre nature et culture. Dans un tel modèle, l’émergence forte d’une relation adaptative culture/nature (où la culture s’adapte à la nature) conduit à l’auto-organisation d’un flux de variation dialectale des différentes communautés de peuplement coordonné entre biotopes en relation de complémentarité. Dans un deuxième temps, nous verrons comment cette dynamique de diversification interne de la langue et de la culture – l’émergence de communautés écohumaines réparties sur un éventail dialectal – se trouve reléguée à une dynamique d’émergence faible, tandis que c’est la relation nature/système – où c’est la nature qui doit désormais s’adapter à des systèmes productifs – qui devient dominante, menant à une crise de la relation homme/environnement. L’émergence, en termes de systèmes complexes, sera ainsi caractérisée de manière dialectique et cyclique. Les conditions d’autoorganisation et la marge d’agentivité des sociétés autochtones modernes (accommodation, résilience, vicariance, etc.) seront évaluées en termes de renforcement et d’opposition entre émergence forte et émergence faible de modalités écoculturelles dans la relation de l’homme à son milieu naturel.

Notice biographique :

Jean Léonard Léonard, MCF HDR à l’Université de Paris 3, membre du Laboratoire de Phonétique et de Phonologie (UMR 7018) et du LabEx EFL, lauréat IUF en 2009, mène des recherches en typologie linguistique et en linguistique descriptive, théorique et appliquée sur les langues méso-américaines. Ses recherches sont enracinées dans trois réseaux phylogénétiques : maya, otomangue et huave (ombeayiüts). Il étudie les phénomènes de diversification phonologique et grammaticale à la fois du point de vue des grammaires formelles (phonologie déclarative, modèle Paradigm Function Morphology) et d’un point de vue transversal (géolinguistique, anthropologie linguistique, etc.). Suivant la métaphore de John Victor Murra de « l’archipel vertical », conçue afin de modéliser les interactions entre hautes, moyennes et basses terres, il travaille en particulier sur l’émergence de la complexité en termes de diversification dialectale des langues méso-américaines et en particulier du tseltal (maya), du mixtec, du zapotec et du mazatec (otomangue), à travers des traits structuraux « forts » en interaction, comme les traits phonologiques postvélaires et glottaux ainsi que les chaînes d’affixes TAMV et d’accord argumental en tseltal, ou les systèmes de préverbes et de classes flexionnelles en mazatec. Il mène par ailleurs des recherches sur la typologie des langues ouraliennes, du basque, des langues altaïques et des langues romanes, dans cette double perspective : d’une part, description et formalisation des systèmes phonologiques et morphologiques, d’autre part mise en perspective des interactions entre sociétés stratifiées sur des paliers d’interdépendance écologique, à l’aide d’une modélisation géoanthropologique. Il travaille ces deux plans tantôt séparément, tantôt de manière corrélée, selon la pertinence des dynamiques d’interaction entre composantes formelles de la langue et des milieux écohumains caractérisés par l’articulation montagne/piémont/.

Sébastien LE PICARD, Rennes 1

L’astrophysique de laboratoire, à l’interface de l’Homme et de l’univers ?

(Physique)

Email : sebastien.le-picard@univ-rennes1.fr

Promotion 2011 membre Junior

Résumé :

La compréhension de notre univers, dont la nature n’a pas été, dans son immense majorité, influencée par l’Homme, constitue l’un de nos défis scientifiques majeurs. L’univers constitue ainsi un champ d’investigation essentiellement vierge, que notre culture scientifique, peu à peu acquise, tente d’interpréter. L'astrophysique est une discipline encore jeune qui a suivi les progrès de la science et des technologies, les télescopes y jouant un rôle moteur en dévoilant peu à peu la nature de notre univers. Plus récemment, est née l'astrophysique de laboratoire, un vaste champ interdisciplinaire qui vient en support de l'observation grâce à une approche associant l'expérience, les simulations numériques et la théorie. Sensée interpréter notre observation de la nature, elle stimule la collaboration entre astronomes, astrophysiciens, chimistes et physiciens. Elle s’intéresse en particulier à l'origine et à l'évolution de la matière présente entre les étoiles, dite matière interstellaire. Longtemps ignorée, cette matière a été révélée par les télescopes dans la deuxième moitié du XXème siècle. Elle forme d'immenses nuages de gaz et de poussières dans lesquels naissent les étoiles et leurs éventuels systèmes planétaires. La lumière émise par les molécules qui la constituent, souvent invisible pour l’oeil humain, permet, outre leur identification, de déterminer les conditions physiques (température, pression) et l’évolution dynamique de ces nuages interstellaires. L’un des défis scientifiques actuels consiste ainsi à comprendre comment ces molécules se forment, disparaissent, ou échangent de l’énergie dans ces nuages aux conditions extrêmes, leur température pouvant atteindre – 265°C. Lors de cet exposé, après avoir présenté quelques découvertes récentes, je détaillerai une étude menée conjointement par notre groupe d’expérimentateurs et des collègues théoriciens*, montrant que la formation d’une molécule utilisée pour évaluer la masse de certains nuages interstellaires, ne peut s’expliquer que par des phénomènes purement quantiques relevant de théories élaborées au cours du XXème et développées ces dernières années.

* M. Tizniti et al., Nature Chemistry, sous presse.

Notice biographique :

Sébastien Le Picard est docteur en Physique de l’Université de Rennes 1. Après un séjour post-doctoral (European Training and Mobility in Research) à l’Université de Birmingham (GB), il a été nommé Maître de Conférences en Physique à l’Université de Rennes 1 en septembre 1999. Ses activités de recherche se concentrent autour de la physique moléculaire expérimentale appliquée à l’Astrophysique. Il est aujourd’hui responsable de l’axe Astrophysique de Laboratoire, au sein de l’Institut de Physique de Rennes, qui regroupe une quinzaine de personnes (chercheurs, enseignants chercheurs, doctorants et techniciens). Les activités du groupe concernent à la fois l’identification des molécules d’intérêt astrophysique par spectroscopie infra-rouge et la compréhension de la synthèse des molécules présentes dans le milieu interstellaire et les atmosphères planétaires par l’étude cinétique de divers processus collisionnels : réactions chimiques, transfert d’énergie par collisions, etc. L’une des spécialités du groupe de Rennes est de savoir recréer les conditions extrêmes de températures régnant dans ces milieux astrophysiques. Sébastien Le Picard a été nommé membre junior de l’Institut Universitaire de France au 1er octobre 2011.

 

Olivier GUERRIER , Université Toulouse Le Mirail

Le "discours naturel" dans l'espace littéraire - Quelques jalons de l'Antiquité à aujourd'hui

(Littérature française)

 

Email : olivier.guerrier@wanadoo.fr

Promotion 2006 membre Junior

 

Résumé :

Cette communication entreprend de poser les jalons historiques d’une conception du discours lettré envisagé comme « naturel », qui vient problématiser les canons et cadres de la rhétorique, de la poétique, et plus tard de la stylistique. Située ainsi entre cratylisme et artificialisme, celle-ci tire son origine de certains paradigmes antiques de type philosophique et herméneutique, connaît des prolongements au Moyen Age, puis une effervescence à la Renaissance, dans le sillage en particulier de l’Evangélisme. Elle repose sur un fantasme de transparence du texte à l’être ou la chose, et implique nécessairement une instance extérieure. On en suivra les avatars à l’Âge classique puis dans la Modernité, ainsi que les formes et genres, non accrédités pour la plupart à leur époque, qu’elle se plaît à investir.

Notice biographique :

Professeur en Littérature de la Renaissance à l’Université Toulouse Le Mirail et Membre Honoraire de l’IUF (Junior, Promotion 2006), Olivier Guerrier est spécialiste des rapports entre la « littérature » et les discours de savoir au XVIe siècle (philosophie, droit, morale, exégèse), ce qui le conduit à s’intéresser aux déplacements et inflexions que les premières font subir aux matériaux ou modèles institutionnels. Il a consacré ainsi une partie de son travail à la notion de « fiction », à la mise en cause du modèle allégorique et à l’influence du modèle juridique chez certains écrivains de la Renaissance, et notamment Montaigne, dont il est l’actuel Président de la Société Internationale (SIAM). Il prolonge sa réflexion par des entreprises d’édition, en particulier celle des OEuvres morales de Plutarque dans la version française de 1572, témoignage fondamental de la réception du patrimoine culturel antique sous ses différents aspects, à observer dans les pratiques des traducteurs comme dans celles des auteurs qui se l’approprient, jusqu’au XVIIIe siècle au moins. Ces dernières années, il s’est intéressé aux rapports de Michel Foucault avec la Renaissance, et plus spécifiquement à la notion de « régimes de vérité ». Il a récemment coordonné l’ouvrage « La vérité », Actes du colloque 2013 de Toulouse de l’IUF, paru aux PU de St

Etienne.

 

Patrick GIRAUDOUX , Université de Franche-Comté

Équilibre écologique et santé des écosystèmes : entre mythes biologiques et consensus social.

 (Ecologie « Biologie Médecine Santé »)

Email : patrick.giraudoux@univ-fcomte.fr

Promotion 2012 membre Senior

Résumé :

Les notions de « santé des écosystèmes » et d’ « équilibre écologique » comme concepts valides en écologie ont été, de longue date, lourdement promues par un grand nombre d’écologues et de gestionnaire et sont encore débattues. Il en résulte que les chercheurs en écologie ont à faire face à une demande croissante de références pertinentes et (idéalement) absolues sur la santé des écosystèmes et leur équilibre, de la part des gestionnaires, pour guider leurs actions dans le champ du développement durable, de la conservation des espèces et de la santé. Le but de cette présentation est de questionner ce sujet à la lumière des connaissances acquises en biologie des populations et en écologie du paysage et de nos propres travaux de recherche conduits dans une région où les changements agricoles et paysagers ont déclenchés, à différentes échelles, une cascade involontaire de conséquences sur les dynamiques de populations de petits mammifères, les relations proies – prédateurs et la transmission de maladies. Sur cette base, nous pensons que de nombreux états durables sont possibles pour une communauté donnée d’espèces, avec des avantages et des désavantages qui sont essentiellement perçus d’un point de vue anthropocentriques. Dans de tels anthroposystèmes, la santé des écosystèmes et leur équilibre (dynamique et provisoire) apparaissent plus définis comme un choix de combinaisons de contraintes économiques et un consensus social, parmi une grande variété d’équilibres dynamiques possibles que les composantes non-humaines de l’écosystème pourraient installer « durablement » à un temps donné. Un défi important de la recherche est certainement d’apporter les concepts scientifiques nécessaires à la gestion de tels systèmes multi-potentiels, dans un contexte où l’évolution physique, écologique et darwinienne, dont celle des sociétés humaines, se combinent pour rendre toute gestion statique ou fixiste inappropriée, y compris quand elle concerne la biodiversité.

Notice biographique :

Professeur d’écologie à l’université de Franche-Comté, responsable de la Zone atelier Arc jurassien (ttp://zaaj.univ-fcomte.fr) et coordinateur du Groupement international de recherche Ecosystem health and environmental disease ecology (http://gdri-ehede.univfcomte.fr), comptant 16 laboratoires de recherche de 6 pays (France,Chine, UK, Japon, Australie, Allemagne). Distinguished professor de l’Université des finances et de l’économie du Yunnan, Chine, où il a créé en 2012 le laboratoire Wildlife management and ecosystem health. Co-fondateur de l’UMR6249 Chrono- environnement en 2008. Anime actuellement des réseaux de recherche multidisciplinaires en Europe, en Chine, en Indonésie, en République démocratique du Congo et au Mexique. Résultats les plus significatifs obtenus dans la compréhension multi-échelles des interactions entre paysage, pratiques agricole, dynamique des campagnols et de leurs prédateurs, des impacts populationnels des traitements anticoagulants dans de tels systèmes et de l’écoépidémiologie de la transmission de l’échinocoque alvéolaire.

 

Francois BRUNET , Université. PARIS DIDEROT PARIS 7

La photographie : (nature+culture) x histoire

(Etudes anglophones)

Email : francois.brunet@univ-paris-diderot.fr
Promotion 2011 membre Senior


Résumé :
L’histoire de l’idée de photographie est un cas d’école pour l’étude des déconstructions « culturalistes » de la nature. Si le XIXe siècle a associé à l’invention de la photographie l’idée ancienne d’image naturelle ou atechnique, le XXe siècle a vu cette idée reculer sous le feu des pratiques visuelles et des critiques philosophiques. Alors que nous approchons du deuxième centenaire de la photographie, un nouveau consensus — nourri par l’art photographique et les critiques du « mythe » naturaliste, mais aussi par la révolution numérique et les facilités nouvelles qu’elle apporte — requalifie l’image photographique en image éminemment construite, en faisant d’elle du même coup l’archétype de toute image. Je me propose de réinterroger l’idée de photographie à partir de deux points de vue distincts. D’abord, j’évoquerai la divergence qui oppose les inventions française et anglaise de « la photographie » dans la pratique et le traitement conceptuel de l’image naturelle. Alors que l’une et l’autre inventions se réfèrent à une naturalité de l’image, le côté français en donne une puissante lecture institutionnelle, alors que le côté anglais laisse la photographie se développer comme entreprise. Le modèle français a une influence considérable aux Etats-Unis, non sans y être contrebalancé par l’empirisme et l’individualisme d’origine anglaise. En second lieu, j’esquisserai une évolution méconnue de l’idée de photographie au XXe siècle. L’historicité dont se chargent visiblement les images photographiques en vient à figurer comme seconde nature de la photographie. Le débat public est focalisé sur la question de l’authenticité et les innombrables « démasquements » à scandale d’images célèbres, pendant que des théoriciens du signe cherchent dans l’historicité une essence de l’image, et que diverses sciences humaines inventent des méthodes.


Notice biographique :
Historien des images et de la culture des Etats-Unis, François Brunet est professeur à l’université Paris Diderot et membre senior de l’Institut universitaire de France (promotion 2011). Il a publié La Naissance de l’idée de photographie (nouv. éd. P.U.F., 2011), Photography and Literature (Reaktion Books, 2009) et l'anthologie Agissements du rayon solaire (Presses de l'U. de Pau, 2009). Il a été commissaire des expositions Visions de l’Ouest : photographies de l’exploration américaine 1860-1880 (Musée d’art américain de Giverny, 2007) et Le portrait daguerrien en Amérique - Visages de la collection Wm. B. Becker (Bry-sur-Marne et Lagny-sur-Marne  automne 2013 ; catalogue, Mare & Martin, 2013). Il vient de publier un gros ouvrage collectif sur l'histoire et la culture des images aux Etats-Unis (L'Amérique des images, Histoire et culture visuelles des Etats-Unis, Hazan/Univ. Paris Diderot, 2013). La communication proposée s’inscrit dans un programme de recherches plus large qui porte d’une part sur la circulation internationale des images et d’autre part sur l’imagination photographique de l’histoire.

Pierre-Marie Morel, Université Paris 1 Panthéon- Sorbonne

Réductionnisme à l’épreuve de la culture
(Philosophie)

Email : pierremarie.morel@gmail.com
Promotion 2011 membre Senior


Résumé :
L’atomiste philosophe réductionniste. De fait, les propriétés de second ordre, celles des corps perceptibles, comme la chaleur ou la couleur, voire les différences spécifiques, sont des effets des propriétés de premier ordre, c’est-à-dire les propriétés des composants ultimes que sont les atomes. Sa position a même quelque chose de plus radical que l’affirmation selon laquelle la causalité naturelle est une sorte de bottom-up causality. Il ne se contente pas de poser que les atomes et le vide sont les composants et les causes ultimes de toutes choses, mais aussi que eux seuls sont véritablement existants. Cependant, certains textes conservés, en en particulier le fragment DK 68 B 33, invitent à une lecture plus complexe, qui laisse penser que l’éducation, ou la « culture » comprise en ce sens, a une réelle efficacité causale, modifiant la nature du matériau qu’elle élabore. Le texte mentionné implique en effet une sorte de pouvoir propre de l’agent humain : « La nature et l’éducation sont très voisines. L’éducation en effet transforme l’homme, et en le transformant, produit une nature. » Dès lors, la question n’est pas de décider si Démocrite est réductionniste, mais plutôt de déterminer en quel sens il l’est. Les modifications des structures apparentes, les espèces macroscopiques et les qualités perceptibles sont-elles de simples illusions ou de pures conventions linguistiques, ou bien des propriétés constantes ou des événements réels ? Quoi qu’il en soit, Démocrite a manifestement admis que, du fait même qu’il n’y a pas de véritables différences spécifiques au niveau macroscopique, la nature individuelle pouvait varier dans certaines limites sous l’effet des processus culturels.


Notice biographique :
Doctorat: Université Paris I (1994) - Habilitation à Diriger des Recherches: Université de Paris I (2004) Pierre-Marie Morel, né en 1963, membre de l'UMR 7219, enseigne l'Histoire de la philosophie ancienne à l'Université de Paris 1, après avoir été Maître de conférences à l'Université de Bordeaux III (1994-1998) et à l'Université de Paris 1 (1998-2008) puis Professeur à l’ENS de Lyon (2008-2013). Il est actuellement Professeur invité à l’Université Ca’Foscari de Venise. Ses recherches portent sur l'atomisme ancien (de Démocrite aux derniers épicuriens de l'Antiquité), sur la philosophie naturelle et la psychologie d'Aristote en rapport avec la théorie de l'action, et sur la réception moderne et contemporaine de la pensée antique . Il a reçu le prix Reinach de la Société des Etudes Grecques en 1997 pour son ouvrage Démocrite et la recherche des causes (1996). Démocrite et la recherche des causes, Paris, Klincksieck, 1996 Aristote. Une philosophie de l’activité, Paris, GF-Flammarion, 2003. De la matière à l’action. Aristote et le problème du vivant, Paris, Vrin, Coll. “Tradition de la pensée classique”, 2007 Épicure. La nature et la raison, Paris, Vrin, Coll. “Bibliothèque des philosophies”, 2009

Marta Grabocz, Université de Strasbourg

Naturalisme sonore ou autonomie de la musique ? Éléments de l'histoire de la musique du point de vue du rapport entre Nature/Culture

(Sciences humaines, Lettres et Arts)

Email : grabocz@club-internet.fr
Promotion 2009 membre Senior


Résumé :
La musique, depuis toujours, a été nourrie des sons de la nature (rites propitiatoires, appeaux, cérémonies, etc.). Les oeuvres musicales baroques puis classiques ont consciemment créé un répertoire des références sonores évoquant la Nature (sous forme de madrigalismes : sons de l’orage, sons d’oiseaux, sons de la rue, sons de la chasse, etc.). Le XIXe siècle a vu naître l’idée de « l’autonomie de la musique », le concept de la musique « absolue » d’où fut bannie toute imitation de phénomène extra-musicale ou naturel. Ce mouvement a atteint son paroxysme avec le sérialisme intégral des années 1950. Mais par la suite, le contre-courant a fait sentir son effet :
« le retour du refoulé ». Le naturalisme sonore est né dans l’atelier de François-Bernard Mâche, puis la
« musique spectrale » sous l’influence des analyses poussées des phénomènes sonores et naturels ; les
« paysages sonores » représentent un genre important parmi ceux de la musique électroacoustique. À partir des années 1970, la zoo-musicologie et la bio-musicologie ont également vu le jour, et actuellement la recherche des universaux préoccupe aussi bien les compositeurs que les musicologues. Dans les domaines de l’éthologie, les ouvrages de Dominique Lestel offrent des rechercher nouvelles ; dans l’anthropologie les livres de Philippe Descola, dans la philosophie, l’ouvrage de Jean-Marie Schaeffer (La Fin de l’exception humaine, Gallimard,
2007) créent de nouveaux chemins. Ma contribution essaiera de montrer les derniers développements en musique et musicologie en créant des parallèles avec ces réflexions récentes en sciences humaines.


Notice biographique :
Márta Grabócz est musicologue et professeur à l'Université de Strasbourg (Faculté des Arts) et membre senior de l’IUF (depuis 2009). Jusqu'en 1990 elle menait une activité de chercheur à l’Académie des Sciences de Hongrie, Budapest. Nommée à Strasbourg II en 1991, elle crée et dirige la JE 2114 « Musique » entre 1997-2001, puis elle dirige entre 2003 et 2011 l'équipe de recherche interdisciplinaire intitulée « Approches contemporaines de la création et de la réflexion artistiques » (EA 3402) de l'Université de Strasbourg. Actuellement elle est responsable de l’axe de recherche « Approches sémiotiques et esthétiques de l’acte musical » du LABEX GREAM (Université de Strasbourg). Depuis sa nomination à l’IUF, elle a créé deux types de rencontre internationale annuelle (dédiée à la narratologie et les arts, respectivement, à certaines problématiques de la musique contemporaine). Grâce à la dotation de l’IUF, elle a également initié une collection d’écrits de compositeurs contemporains (2 ouvrages parus, 4 autres en préparation). Elle a publié quatre monographies et a dirigé (ou codirigé) sept livres collectifs dans les domaines de la signification (ou la narratologie) musicales, et de la musique contemporaine. Derniers ouvrages parus : Musique, narrativité, signification, L’Harmattan, 2009 (380 pages); Entre naturalisme sonore et synthèse en temps réel, Paris, EAC, 2013 (285 pages) ; direction d’ouvrages collectifs : Sens et signification en musique, Hermann, 2007 ; codirection avec Jean-Paul Olive : Gestes, fragments, timbres. La musique de György Kurtág, L’Harmattan, 2009 ; direction d’ouvrage : Les Opéras de Peter Eötvös entre Orient et Occident, Paris, EAC, 2012 ; Des temporalités multiples aux bruissements du silence. Daniel Charles in memoriam, codirection avec G. Mathon, Hermann, 2013 (livre de 447 pages avec en temps réel, Paris, EAC, 2013 (285 pages) ; direction d’ouvrages collectifs : Sens et signification en musique, Hermann, 2007 ; codirection avec Jean-Paul Olive : Gestes, fragments, timbres. La musique de György Kurtág, L’Harmattan, 2009 ; direction d’ouvrage : Les Opéras de Peter Eötvös entre Orient et Occident, Paris, EAC, 2012 ; Des temporalités multiples aux bruissements du silence. Daniel Charles in memoriam, codirection avec G. Mathon, Hermann, 2013 (livre de 447 pages avec CD).

Céline Darnon, Clermont Université, Université Blaise Pascal

Lorsque le culturel semble si naturel...Institution scolaire, stéréotypes, et internalisation des différences de sexes et de classes

(Psychologie)

Résumé :
Dans cette communication, nous verrons comment l’institution scolaire pousse à percevoir comme « naturelles » des différences qui sont fondamentalement culturelles. L’institution scolaire, de par le rôle lui est assigné dans la société et par les valeurs qu’elle promeut, ne contribue pas seulement à reproduire les inégalités de sexe et de classe mais permet également de leur donner une apparence juste grâce, entre autre, à de puissants outils que sont les stéréotypes. De nombreuses recherches en psychologie sociale expérimentale ont en effet montré que les stéréotypes participent activement à faire apparaître comme justes et légitimes les différences de sexe et de classe. Nous nous centrerons ici plus spécifiquement sur les stéréotypes renvoyant aux comportements scolaires et examinerons le rôle joué par l’Ecole dans la diffusion et l’internalisation de ces stéréotypes. Nous présenterons une série d’études expérimentales réalisées en contextes scolaires ou universitaires. Dans un premier temps, nous montrerons que derrière un discours d’égalité des chances, le système éducatif opère une importante sélection et promeut les valeurs compétitives qui y sont associées. Nous verrons également que ces valeurs compétitives sont loin d’être anodines puisqu’elles ont pour effet d’accentuer les différences de réussite scolaire entre garçons et filles, entre élèves issus de milieux favorisés et élèves issus de milieux défavorisés. Nous verrons ensuite comment l’école amène progressivement les élèves et étudiants à internaliser ces différences sous la forme de différents profils motivationnels. Une dernière série d’étude permettra enfin de tester le rôle joué par la méritocratie scolaire dans l’apparition de ce processus.

John M. Dudley, Institut FEMTO-ST CNRS Université de Franche-Comté

Les vagues scélérates dans la nature
(Physique)

Email : john.dudley@univ-fcomte.fr
Promotion 2005, membre Junior


Résumé :
Un défi majeur de la compréhension des phénomènes extrêmes dans les sciences naturelles est de développer
des modèles rigoureux reliant les dynamiques complexes (souvent non linéaires) et le comportement statistique associé. Les études quantitatives des phénomènes extrêmes sont fréquemment entravées de deux façons : (i) la rareté des événements et (ii) le fait que de tels événements apparaissent souvent dans des environnements où les mesures sont difficiles. Les vagues scélérates océaniques associées aux nombreuses catastrophes maritimes sont un exemple d'intérêt particulier. Pourtant, étudier les vagues scélérates dans des conditions contrôlées est problématique et le phénomène demeure un objet de recherches intensives. De plus, il existe de nombreux liens qualitatifs et quantitatifs entre la propagation des ondes en optique et en hydrodynamique. Il est donc naturel de considérer comment l'étude des phénomènes d'instabilité en optique peut être appliquée à d'autres systèmes. Cet exposé résumera nos travaux dans ce domaine depuis 2007, travaux dans lesquels les expériences en optique ont pu améliorer d’une manière très significative notre compréhension des mécanismes sous-jacents à l’émergence des ondes océaniques. Par ailleurs, nous décrirons comment nos résultats commencent à stimuler des recherches dans divers autres domaines tels que la physique des microondes, la propagation des mêmes culturelles ou encore la physique des crises économiques.


Notice biographique :
Après l’obtention de son doctorat à l’université d’Auckland (Nouvelle-Zélande) en 1992, John Dudley travaille à l’université de St Andrews (Ecosse). En 1994, il est nommé maître de conférences à l’université d’Auckland et en 2000, il est recruté comme professeur à l’université de Franche-Comté et entre ainsi au sein de l’Institut FEMTO-ST de Besançon où il devient responsable de l’équipe optoélectronique, photonique et télécommunications optiques. Membre junior de l’Institut Universitaire de France de 2005 à 2010, Grand prix général Ferrié de la Société des Electriciens et Electroniciens en 2009, membre d’honneur de la Société Américaine d’Optique en 2007, de l’Institut des ingénieurs électriciens et électroniciens en 2011 et de la Société Européenne d’Optique en 2012, John Dudley a été élu en 2013 président de la Société Européenne de Physique. Il est lauréat de la Médaille d’Argent du CNRS (section 08) en 2013, et co-lauréat d’un ERC Advanced Grant 2011-2016 pour le projet pluridisciplinaire «MULTIWAVE ».

Erwan Dianteill, Université Paris Descartes

Nature et culture : le point de vue de l’ethnologie

(anthropologie)

Email : erwan.dianteill@parisdescartes.fr
Promotion 2012, membre senior


Résumé :
L’étude de la culture est constitutive de la discipline ethnologique, au point qu’elle est nommée habituellement « anthropologie culturelle et sociale » afin de la distinguer de l’anthropologie physique. Or, la notion de culture ne se conçoit en ethnologie qu’en contrepoint de la notion de nature. Nous nous proposons de montrer que l’histoire de l’anthropologieculturelle et sociale révèle une tension entre ces deux polarités, à savoir une conception de l’homme comme animal biologique et/ou comme créateur de formes symboliques (langage, art, religion). Cette question est solidaire en ethnologie de l’étude des représentations du monde non humain dans différentes sociétés, en dehors de l’Occident européen en particulier, car la culture est toujours une façon de penser la nature. Si la plupart des anthropologues sont réticents à accepter le déterminisme biologique des comportements sociaux et culturels, cela ne signifie pas qu’ils aient tous la même conception du rapport entre culture et nature. Certains tendent à naturaliser la culture en identifiant des invariants, i.e. des structures transculturelles et transhistoriques: on cherche alors des universaux anthropologiques fondés ou non dans la nature biologique de l’humain. D’autres cherchent au contraire à comprendre comment la nature est culturalisée par l’homme : il s’agit alors d’analyser la façon dont l’homme façonne son environnement et son propre corps par le symbolisme. Notre exposé s’interrogera sur la compatibilité de ces approches.

Nathalie CARRASCO, Université de Versailles

La culture comme meilleure ennemie de la nature ?

(Sciences de l'Environnement et Astrochimie)

Email : nathalie.carrasco@uvsq.fr
Promotion 2013, membre Junior


Résumé :
L’homme, être de culture, s’approprie et façonne son environnement naturel. Au point sans doute de mettre cet environnement en danger. La perturbation naturelle du système terrestre par l’homme nous questionne aujourd’hui sur notre santé et sur la pérennité de l’espèce humaine à long terme. Notre activité industrielle, le transport et le chauffage modifient la composition chimique de l’atmosphère que nous respirons. La qualité de l’air s’en trouve modifiée et présente de larges gammes de variabilité par rapport à la concentration de fond dite naturelle. Des pics de pollution à l’ozone ou en particules se créent chaque année suite à la combinaison de paramètres naturels (météorologiques) et culturels (transport routier, chauffage...). La modification du climat constitue la conséquence à moyen terme et à grande échelle de cet impact de l’homme sur son environnement. Une telle modification si elle s’amplifie peut même mettre en danger les conditions naturelles indispensables à la vie pour l’homme. Les conditions naturelles à l’existence de la vie sont en effet exigeantes et n’ont à ce jour été identifiées que sur la Terre et ce depuis moins de 4 milliards d’années. L’exploration spatiale n’a à ce jour jamais permis de mettre en évidence une trace de vie présente ou passée ailleurs dans l’Univers. La culture peut-t-elle se mettre au service de la nature ?


Notice biographique :
J’ai suivi une formation à l’ENS de Cachan et suis agrégée de physique-chimie depuis 2001. De 2002 à 2005, je me suis spécialisée dans les sciences de l’Environnement en effectuant une thèse dans le domaine de la chimie atmosphérique à l’Université Paris-Diderot. Le postdoctorat a été l’occasion d’appréhender d’autres atmosphères du système solaire. Depuis 2007, je suis Maître de Conférences à l’Université de Versailles Saint Quentin, où j’enseigne la physicochimie des atmosphères planétaires. Mes activités de recherche au Laboratoire ATmosphères, Milieux et Observations Spatiales, sontdédiées à l’étude de Titan, la plus grande lune de Saturne. Cette dernière possède une atmosphère dense d’azote et de méthane unique dans le système solaire, souvent comparée à l’atmosphère de la Terre primitive ayant préfiguré l’apparition de la vie sur Terre.

Jean-Louis MANDEL, Collège de France.

Génétique et perception sensorielle fine chez l’homme


Annette BECKER, Paris-Ouest Nanterre

Le front militaire et les occupations de la Grande Guerre comme « laboratoires » de destruction de la nature et de la culture.
(Histoire)

Email : abecker@nordnet.fr
Promotion 2009 membre Senior


Résumé :
En partant de la notion de « paysage histoire » inventée par l’écrivain---géographe Julien Gracq, on interrogera la façon dont les dévastations extraordinaires de la Grande Guerre ont été vécues, perçues et représentées. Pendant le Premier Conflit mondial, deux paysages de destruction ont vu le jour, celui de la nature et des ressources agricoles, celui des villes et des ruines patrimoniales. Les ruines des maisons et des bâtiments, les moignons d’arbres, photographiés et peints, sont devenus la métaphore de la blessure et de la mort, celle des hommes, celle de la nature. Dans cette guerre de civilisation devenue un laboratoire biaisé on n'observe que pour prouver des résultats connus à l’avance : prouver la grandeur de son camp, de ses alliés, et la bassesse de l'ennemi. Les territoires occupés du front occidental (France de l’Est et du Nord, Belgique) sont devenus un laboratoire dans le laboratoire où l’on dénonce les « crimes allemands » contre la culture et la nature. Les préoccupations environnementales – réelles --- sont canalisées vers l’accumulation de preuves de destructions volontaires. On reproche en particulier aux ennemis leurs atteintes volontaires contre la culture, le patrimoine industriel et agricole, et contre la nature, en une préoccupation écologique mêlée de dénonciation. Lors des inondations en Belgique, des biologistes décrivent l’action de l’eau salée qui a « détruit jusqu’à la dernière Plante et au dernier Animal ». Les morts de la nature (avec majuscule) rejoignent les tableaux d’honneur des morts et des blessés humains. Des plantes et des animaux ont aussi migré, certains ont profité de l’eau salée, d’autres des ruines des maisons pour prospérer ; on peut les appeler des réfugiés. Une véritable guerre des espèces est décrite entre celles qui aimaient ou pas l’eau et le sel. Les scientifiques usent de métaphores passionnantes. La guerre et l’occupation sont traitées comme leur champ, celui de l’évolution, des organismes adaptables et adaptés, des laissés pour compte et des résistants. La dénonciation environnementaliste devient une remarquable réflexion sur les territoires occupés et, au---delà, sur tous les paysages transformés par la guerre : topographies physiques et mentales que l’on peut aborder par tous les sens, la vue, l’ouïe, l’odorat.


Notice biographique :
Annette BECKER est professeur à l’université de Paris-Ouest Nanterre la Défense et membre senior de l’Institut universitaire de France. Après s’être consacrée principalement à la Grande Guerre, à sa mémoire et ses représentations, à l’histoire de l’humanitaire et du trauma, A. B. travaille depuis plusieurs années sur les liens entre les deux guerres mondiales, en particulier sur les différents aspects des occupations et des atteintes contre les civils (du génocide des Arméniens à celui des Juifs). Derniers ouvrages parus : Les cicatrices rouges, 1914-1918, France et Belgique occupées (Fayard, 2010).

Romain Garnier , Université de Limoges

"L'éternel combat de nature et culture en latin"

(Linguistique latine)

Email : garromain@gmail.com
Promotion 2013 membre Junior


Résumé :
On méconnaît souvent l’importance du latin parlé, dans sa réalité articulatoire comme dans son étendue
diastratique et diaphasique : on se plaît à croire qu’il aurait pour ainsi dire existé indépendamment du latin scripturaire standard pour donner les langues romanes, qui ne seraient pas autre chose que du latin parlé – c’est à dire du latin naturel. À rebours, la langue écrite serait ainsi une manière de langue parfaite, forgée par des grammairiens, et serait par définition gage de culture et de purisme. Il n’en est rien. La présente contribution se propose de démontrer l’affrontement manichéen entre nature et culture dans l’édification de la langue latine : d’une part, des formes vulgaires relevant du phonostyle bas ont passé dans la langue standard, acquérant des lettres de noblesse ainsi qu’un sauf-conduit qui les a
préservé de tout mal ; d’autre part, des formes phonétiquement régulières mais devenues synchroniquement obscures et peu motivées se sont vues « corrigées » en vertu du principe d’hypercorrection linguistique, ce qui suffit à démontrer l’interaction quasi-éternelle entre les formes parlées et leur perception dans la culture des locuteurs. On évoquera ainsi trois cas de figure successifs : 1 - des mots jadis vulgaires assimilés par la langue standard (ainsi battuō et mulier), 2 - des mots phonétiquement réguliers frappés d’hypercorrection (ainsi immēnsus pour *immēsus, hallūcinārī pour *allūcinārī), 3 - des formes vulgaires corrigées à tort, soit le type ex-buræ (Fest.) qui affecte une orthographe hypercorrecte au lat. vulg. *ēbŭræ (< *ēbŭr

Dominique GARCIA, Aix-Marseille université

Le territoire gaulois : entre Nature et Culture

(Archéologie)

Email : garcia@mmsh.univ-aix.fr
Promotion 2011 membre Sénior


Résumé :
Traditionnellement présentée comme un espace politique à forte identité culturelle, forgé sur un socle naturel, la Gaule n’est pas un espace unitaire. Les données actuelles de l’archéologie (pour le premier millénaire avant J.-C.), de l’histoire (textes anciens grecs et latins) et des dynamiques ethniques (peuples, tribus et confédérations) permettent de dresser, entre Nature et Culture, une autre image de l’histoire de la Gaule protohistorique et gallo-romaine. La définition des différents faciès culturels, l’évolution territoriale des différentes identités ethniques ainsi que l’anthropisation et l’exploitation du milieu naturel constitueront les trois principales problématiques abordées.

Annie MAGNAN, Université Lyon2

L’apprentissage de la lecture et ses difficultés : facteurs environnementaux et biologiques

(Psychologie Cognitive du Développement)

Email : annie.magnan@univ-lyon2.fr
Promotion 2011 membre Senior


Résumé :
Comme tous les apprentissages culturels l’apprentissage de la lecture repose sur des capacités biologiquement déterminées. La découverte du principe alphabétique et la maîtrise des correspondances grapho-phonologiques impliquent chez l’apprenti lecteur l’existence d’une connaissance phonologique implicite biologiquement déterminée qui se constitue grâce à son expérience de locuteur et d’auditeur. Si la capacité phonologique implicite est une condition nécessaire de l’émergence de représentations phonologiques conscientes cela n’implique pas l’existence d’une prédisposition innée à acquérir la conscience des phonèmes (Morais et al., 2004). Cette composante essentielle qui permet la maîtrise du code alphabétique relève d’un apprentissage par instruction (Ecalle & Magnan, 2002 ; 2007). Le code alphabétique maîtrisé, la capacité d’identification des mots écrits se développe et s'automatise alors sous l’effet de l’instruction, de l’importance des pratiques de lecture (Bus, van Ijzenddorn & Pellegrini, 1995 ; Senechal, 1997) et de l’exposition à l’écrit (Ecalle & Magnan, 2008). Les situations répétées de décodage graphophonologique conduisent à l’élaboration de représentations lexicales orthographiques. Le code orthographique - l’ensemble des règles de correspondance graphème-phonème (lecture) et phonème-graphème (écriture) - est spécifique à une langue et influe sur rapidité de l’apprentissage (Seymour et al., 2003). Le code orthographique du français est moins transparent que ceux du finnois, de l’allemand, de l’espagnol ou de
l’italien, mais plus transparent que celui de l’anglais. Ainsi, la dyslexie peut se manifester plus ou moins sévèrement selon certaines langues. Toutefois, en dépit des différences culturelles liées à la structure des langues il existe une origine biologique commune aux troubles de lecture (Paulesu et al.,2001). Les études d’imagerie fonctionnelle ont montré des activations et une connectivité anormale des régions postérieures et péri-sylviennes gauches. Une aire cérébrale spécifique située dans le gyrus fusiforme de l’hémisphère gauche dont la fonction est de coder les structures orthographiques des mots sous tend l’identification des mots (MacCandliss et al., 2003 ; Dehaene, 2007).
L’amplitude de l’activation de cette aire est corrélée à l’habileté de décodage graphophonologique chez les apprentis lecteurs, chez les dyslexiques elle tend à augmenter à l’issue d'une rééducation. L’existence d’une plasticité cérébrale a été mise en évidence à l’issue de remédiations (Simos et al., 2002 ; Temple et al., 2003 ).


Notice biographique :
Annie Magnan est Professeur de Psychologie Cognitive du Développement à l’Université Lumière Lyon2 depuis 1998. Après un doctorat de 3ème cycle en psychologie génétique expérimentale (1986, Université de Nice) et un doctorat « nouveau régime » en psychologie cognitive (1988, CREPCO- CNRS, Université de Provence), elle a été nommée maître de conférences à l’Université de Nice (1989) puis après l’obtention de son HDR, professeur à l’Université Lyon 2. Elle est membre du Laboratoire d’Etude des Mécanismes Cognitifs où elle dirige depuis 2000 l’équipe Apprentissage, Développement et Troubles du Langage. Ses recherches portent sur l’apprentissage normal et troublé de la lecture et sur les techniques d’aides à l’apprentissage. Elle est membre du Laboratoire d’Excellence CORTEX (LabEx Cortex ANR-11-LABX- 0042) et du GDRi-CNRS « Neurosciences Cognitives et Ecole ». Elle collabore depuis 2002 aux travaux de la DEPP (MEN) et
participe à l’Etude Longitudinale Française de l'Enfance (projet ELFE, lauréat EquipEx). Outre la publication d’articles dans des revues scientifiques internationales, elle a co-publié deux ouvrages et des articles dans des revues professionnelles francophones. Elle effectue régulièrement des activités d’expertise scientifique en France (AERES , ANR, MESR...) et à l’étranger (National Science Research Council, Canada ; National Institute of Health, USA ; Federal Office for Scientific, Technical and Cultural Affairs, FOSTCA , Belgique...). Annie Magnan a dirigé le DEA de Psychologie Cognitive (1999- 2005), depuis 2006 elle assure la responsabilité du Master Psychologie Cognitive de l’université Lyon2 et siège au conseil scientifique de l’Ecole Doctorale Neurosciences et Cognition (ED 476 NSCo, Université de Lyon).Elle est membre senior de l’IUF depuis 2011.

Annick LEMPÉRIÈRE, Paris I Panthéon-Sorbonne

Communautés naturelles et culture étatique en Amérique hispanique

(Histoire)

Promotion 2011 membre Senior


Résumé :
Cette proposition s’inscrit dans mon projet de recherche sur l’histoire de l’État en Amérique hispanique. La communication entend expliquer les difficultés rencontrées par la construction de l’État à partir de la théologie politique de l’ancien régime espagnol. Selon celle-­‐ci, la nature est la Création, un ordre divin où la sociabilité humaine est elle-­‐même un fait de nature. Il s’agit d’une culture juridico-­‐religieuse, d’origine aristotélicienne et thomiste. Elle voit dans la famille et les communautés d’habitants des groupements naturels, nécessaires et par conséquent ne relevant pas du politique ; parallèlement, elle conçoit l’ordre juridique, fondé sur le ius commune, non comme un corpus de lois positives mais comme un droit indisponible, assumé comme naturel et objectif, où une loi n’est une loi, quelle que soit son origine, que
si elle est « juste ». Le corps du roi incarne l’articulation entre la justice de l’ordre naturel ici-­‐bas et l’ordre divin. Cette culture, enracinée dans les sociétés hispano-­‐américaines à l’époque des indépendances (1808-­‐1830), rend particulièrement complexe la réception de cette abstraction qu’est « l’État moderne » . Conçu sous les espèces d’un simple « gouvernement », il est considéré comme un artefact ; s’il est renversé, la nation revient à « l’état de nature », autrement dit à l’autonomie et à l’autosuffisance de ses communautés naturelles. Par opposition aux interprétations culturalistes qui font de cette culture juridico-­‐ religieuse une « tradition » assumée passsivement, la communication insiste au contraire sur son instrumentalisation. Car cette culture réussit largement, aux XVIIIe et XIXe siècles, à absorber les théories du droit naturel moderne en les réinterprétant dans un sens favorable aux théories plus anciennes de la « loi naturelle », autrement dit à devenir, de pré-­‐étatique, activement anti-­‐étatique dès lors que l’État prétend s’instaurer en seule source du droit et du juste.

Grégory QUENET, Université de Versailles-Saint- Quentin-en-Yvelines

"Les humanités environnementales, un nouveau paradigme pour les sciences humaines ?"

(Histoire environnementale)

Email : gregory.quenet@uvsq.fr
Promotion 2011 membre Junior


Résumé :
Les humanités environnementales sont aujourd’hui un champ en plein essor, né d’abord dans les départements de littérature, à l’initiative de l’écocritique développée en littérature anglaise et américaine, puis dans les départements d’histoire, sous la poussée de l’histoire environnementale à partir des années 1980. Depuis, ce champ a été nourri par des perspectives interdisciplinaires, venues de la géographie, des humanités numériques, des études sur le genre, de l’anthropologie et de l’histoire de la technologie. Le projet affiché par une série d’initiatives récentes – le portail de UCLA (http://environmentalhumanitiesnow.org), le portail français (http://humanitesenvironnementales.fr), le réseau transatlantique (http://environmental--- humanities---network.org), l’alliance européenne (http://europeanenvironmentalhumanities.org) --- est cependant plus ambitieux encore, croisant la philosophie, l’histoire de l’art, le droit, la sociologie. Cette intervention vise, d’une part, à faire l’état des lieux de ce champ encore peu connu en France à un moment où, selon le rapport récent commandé par la Fondation suédoise Mistra, les chercheurs français seraient quasiment absents, voire réticents à penser la question environnementale. Il s’agira plutôt ici de mesurer ces perspectives internationales à l’aune d’une longue tradition des études sur l’environnement qui, peut-être, explore d’autres chemins. La discussion s’orientera, d’autre part et principalement, vers la manière dont le projet des humanités environnementales peut faire bouger les lignes établies entre nature et culture. Quelles sont les nouveautés apportées au projet de franchir le fossé entre les sciences humaines et les sciences de la nature, en
mettant en avant la dimension morale, politique et éthique de l’impact des sociétés humaines sur leur
environnement? Le changement environnemental et climatique global, qui informe des humanités environnementales constituées originellement autour du sens du lieu, marque-t-il la fin du projet émancipateur de la modernité et d’une certaine période des sciences humaines ou, au contraire, un possible renouveau ?


Notice biographique :
Formation 2012-2013 : Auditeur de la XIIIe promotion de l’Institut des Hautes Etudes de l’Entreprise (IHEE) 2011 : Habilitation à Diriger des Recherches 2001 : Doctorat sur « Les tremblements de terre en France aux XVIIe et XVIIIe siècles », Université Paris I – Sorbonne (sous la direction de Daniel Roche, Collège de France) 1994 : Agrégation d’histoire. Carrière 2011-2015: Membre junior de l’Institut Universitaire de France. 2009-2012: Chargé de mission “Politiques de la Terre”, Sciences Po, Paris. 2007-2011: Directeur du master “Métiers de la culture – Archives”, Université de Versailles-Saint- Quentin-en-Yvelines (seul master en archivistique évalué A+ par l’AERES). 2002-2011: Maître de conférences, histoire moderne, Université de Versailles-Saint- Quentin-en- Yvelines. Prix, distinctions 2013-2014 : Rachel Carson Fellow, Ludwig Maximilian University, Munich 2011: Membre junior de l’Institut Universitaire de France (IUF) 2006 : Prix Louis Castex de l’Académie française pour Les tremblements
de terre aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Marie-Luce Gélard, Université Paris-Descartes

Diversité culturelle et unicité humaine : les techniques du corps

(Anthropologie)

Email : mlgelard@yahoo.fr
Promotion 2012 membre Junior


Résumé :
Le projet fondateur de l’anthropologie sociale consiste à interroger la « nature humaine ». Or la « nature humaine » est profondément culturelle puisqu’il n’y a pas une façon d’être qui soit naturelle mais des manières, à la fois naturelles et culturelles d’être. Je propose d’interroger cette nécessaire complémentarité entre nature et culture au fondement même de la diversité culturelle. Mon propos prendra pour exemple de l’imbrication nature/culture le rôle du corps humain, indissociablement naturel et culturel, par la diversité des usages du corps versus la diversité des cultures. En effet, quoi de plus naturel en apparence que le corps humain mais quoi de plus culturelle que les techniques qui lui sont associées : façon de marcher, de nager, de dormir, de regarder, de manger, de se reproduire, de naître, etc. Toutes ces techniques du corps sont dépendantes d’acquisitions culturelles n’ayant rien de naturelles.


Notice biographique :
Membre junior 2012, Institut Universitaire de France. Visiting Scholar 2014, Department of Anthropology, Columbia University, New York. Anthropologue, Maître de Conférences---­‐HDR en anthropologie à l’Université Paris Descartes. CANTHEL Centre d’Anthropologie Culturelle. Chercheur associé à l’Institut de Recherches et d’Études sur le Monde Arabe et Musulman, pôle « Anthropologie, Histoire et Images : images et imaginaires », UMR 6568 CNRS, Université Aix---­‐Marseille. Après les premières études effectuées en Algérie (Kabylie) dans les années 1990, ses recherches se sont poursuivie au Maroc en milieu rural (Haut Atlas) et saharien (Tafilalt, tribu des Aït Khebbach). Elles proposent, par la mise en perspective des théories locales consubstantielles, une analyse des perceptions du rapport de parenté orienté autour de la colactation collective (parenté de lait) et de la dimension pactuelle (protection, sacrifice). Aujourd’hui, toujours en milieu saharien, une part de ses travaux s’effectue autour des modalités de la perception sensorielle et de leurs codifications corporelles par la mise en place d’une anthropologie des sens (domaines auditif et olfactif). Elle aborde
également la culture matérielle (objets rituels, genre des objets) et le tourisme thérapeutique (« bains de sable »). Dernier ouvrage publié, 2013, Corps sensibles. Usages et langages des sens, Collection épistémologie du corps, PUN, Editions Universitaires de Lorraine.

Sébastien Deregnaucourt, Université Paris Ouest Nanterre La Défense

Cultural évolution of birdsong in the laboratory

(Neurosciences)

Email : sebastien.deregnaucourt@u-paris10.fr
Promotion 2013 membre Junior


Résumé :
Understanding the origins of language is a challenge in human sciences and evolutionary biology. If language is a human attribute, one of its components – vocal learning – is shared with other species including oscine songbirds. Experiments to address central questions about vocal culture that cannot be conducted on humans for ethical reasons can be done with captive populations of birds. The Zebra Finch (Taeniopygia guttata) is considered as the “flying mouse” of birdsong research: this tiny bird is easy to breed in captivity and male finches learn to sing within a narrow sensitive period of the early life (25-90 days posthatch), mainly from their father. In normal conditions, each male produces a different song (duration: 1-1.5 sec). Using an operant conditioning paradigm, we trained young males raised in isolation to peck a key to trigger a song playback. Using this method, we observed a huge inter-individual variability in the learning success but every year, we obtained a significant number of male finches that succeeded to produce a close copy of a same song model. We used these males as founders of a colony and raised them with females in an aviary. The aim of this project was to address the following questions: how would song evolve in a colony where all males sing the same song? Will the offspring sing also the same song or will they invent/improvise new songs to facilitate individuality? During this talk, I will present the first results of this experiment. This study will contribute to a better understanding of the social mechanisms of communication and will shed light on the specificity and evolution of vocal learning.


Notice biographique :
Sébastien Derégnaucourt est un éthologue, spécialisé dans l’étude de la communication vocale chez les oiseaux. Ses recherches concernent principalement le développement du chant qui, selon les espèces, relève de l’apprentissage ou présente un déterminisme génétique important. Ces dernières années, il s ́est intéressé aux transformations
vocales au cours de l’ontogenèse, et ses travaux ont porté sur les effets du sommeil et de la mélatonine sur l ́apprentissage du chant. Il a décidé de focaliser ses recherches futures autour de deux questions concernant les origines de l’apprentissage vocal : 1) pourquoi certaines espèces sont capables d ́imitation vocale? 2) comment leur environnement social peut affecter leur production vocale ? Dans ce contexte, il participe à un projet collaboratif visant à mettre au point un robot-oiseau. Ce robot sera utilisé comme tuteur de chant pour de jeunes oiseaux mais aussi comme agent social pour étudier les aspects cognitifs de la prise d ́information